Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
NIGEROPOLIS
19 mai 2012

NIGER : insécurité alimentaire, par delà le tragique, qu’elle rationalité ?

Les récidives de « l’insécurité alimentaire » sont-elles rationnelles ou irrationnelles ?

 

Sénèque disait : « vivre heureux […], tout le monde le désire ; mais peu de gens savent ce qui réellement rend heureux.[…]Il faut donc chercher à connaître nos aspirations, pour examiner le chemin qui nous conduira le plus rapidement, et nous verrons en cours de route, pour peu que nous ayons pris la bonne direction, quels  progrès nous faisons et combien nous nous rapprochons du but vers lequel nous pousse une tendance naturelle. »

Socrate enseignait de voir la vérité au-delà des apparences. Cet enseignement est-il intériorisé par nos dirigeants et autres    politiciens ? Politiquement parlant, nous voudrions inviter nos dirigeants nigériens à oser poser des questions graves et rationnelles dans l’intérêt du Niger et de ses populations, afin de pouvoir poser un diagnostic efficient sur toutes les situations auxquelles le Niger est confronté, et pourrait confronté dans l’avenir (la prévention des risques et des menaces). Leur diagnostic    doit être thérapeutique et non destructif.

Très souvent en effet, beaucoup d’esprits et même ceux qui n’en possèdent pas, argumentent à qui mieux mieux, sur le devenir    politique du Niger, afin d’occuper un jour une charge politique. Or beaucoup ne savent pas, qu’on peut être utile à son pays par d’autres voies et d’autres moyens. Depuis les grecs, nous sommes habitués à l’idée que la vérité est curative. C’est raison pour laquelle relativement à « l’insécurité alimentaire », il nous paraît juste et honnête de dire des choses qui sauvent. C’est-à-dire, soutenir fortement des vérités et sans flagornerie : « l’insécurité alimentaire » est-elle vraiment une malédiction venue du ciel, ou de la nature ? Si non, peut-on y faire face ? Dans l’affirmatif quels seraient les voies et moyens ?

L’activité politique pensons-nous, ne va pas sans une vue holistique de la société et de la réalité. « L’insécurité alimentaire » représente un défi pour l’autorité politique, car la récidive de « insécurités alimentaires » peut traduire dans les faits l’échec de l’homme politique. Pour nous, il est sans conteste qu’elle oblige nos dirigeants nigériens à changer de stratégies    et de pratiques politiques. Il faut dans un pays qui aspire à gouverner démocratiquement, de recréer les conditions (les bases) pérennes d’une stabilité alimentaire. D’un mot, la sécurité alimentaire. Et si Machiavel a raison de dire que « la fin justifie les moyens »,    nous avons aujourd’hui la possibilité de vaincre « l’insécurité alimentaire » grâce aux chinois.

S’il y a eu par le passé des séries de crises alimentaires, pour nous il a manqué des mentors politiques pour prendre les bonnes    décisions. La politique ainsi que nous aimons le dire n’est pas un lit de relaxation, mais d’action et de discernement.

Il y a eu certes des années où l’on peut concevoir et accepter de manière fatidique, que le ciel et les dieux sont contre les    paysans (ceux qui vivent et dépendent de la nature et des pluies, qui en sus de, assurent une grande partie de notre production agricole), et contre les autorités en place. Car aussi longtemps que dame nature fait des caprices, il y a inéluctablement dans certaines régions : tragédie humaine. La nature, et donc la mauvaise pluviométrie est cause d’hécatombes humaines. Ceci pour    dire que si dans une première approche, on peut accuser le déterminisme naturel d’être responsable de « l’insécurité alimentaire, au sens sécuritaire où l’on pourrait parler de crise alimentaire, on est loisible aussi de rendre l’homme politique, voire l’incompétence, l’imprévoyance de l’homme, responsable de la mort de milliers de personnes, à cause de leur aveuglement pour    les prestiges du pouvoir, que du souci des populations.

L’homme politique est par essence celui qui anticipe les événements et trouve des remèdes comme le stratège grec, ou l’archonte. Il n’est pas choisi pour qu’il soit poussif, laxiste, mais de s’occuper de la cité toute entière. En clair, et comme nous sommes paraît-il en démocratie, l’homme politique qui laisse une crise alimentaire sévir dans sa cité est coupable de crime de non assistance à des populations en danger. En cas de situations troubles ou de graves catastrophes, il ne doit pas être fataliste, mais agir, c’est-à-dire trouver des solutions pragmatiques à toutes situations.

 

1)   des    choses qui ne dépendent pas de nous

 

On parle de « crise » au sens sécuritaire, quand une catastrophe naturelle ou humaine (accidentelle) enclenche la    mobilisation nationale et internationale : cyclones, inondation, incendies, AZF, attentats terroristes du 11 septembre 2001, katrina, etc. Plus clairement, la manifestation ou la production d’une « crise » de quelle que nature qu’elle soit, même un simple sinistre peut déclencher une alerte générale et une mobilisation internationale : exemple, la marée noire dans les eaux américaines. D’où la gestion de la crise, sa maîtrise et sa prévention.

Concernant le Niger, « l’insécurité alimentaire » rentre parfaitement dans l’approche catastrophique que nous donnons aux crises de grandes ampleurs. Dans l’exacte mesure ou cette insécurité du fait que dès le départ, a été mal traitée par les autorités, a entraîné une suite de morts qui lui donne le statut de crise alimentaire. Cette insécurité alimentaire avec son cortège de morts, est choquante, et ternie l’image du Niger. Elle illustre dans les faits qu’il existe une population, une catégorie de population exposée cycliquement aux affres de la famine made by politics. Car chaque année qui redémarre, est toujours pour le paysan, une année    d’espoir, comme le joueur de Loto ou de l’euro millions. Mais hélas, le ciel n’entend pas toujours les prières du paysan. Aussi, toutes les fois que le ciel fait des caprices, il panique et se replie sur le soutien des autorités. Ce qui est juste, car l’Etat est là pour venir en aide aux populations. De ce point de vue, les autorités sont des sôter (sauveurs) aux yeux des populations victimes de la mauvaise pluviométrie. Mais est-ce vraiment le cas ? N’y a-t-il pas une responsabilité du politique dans l’avènement de cette insécurité  alimentaire ?

 

« L’insécurité alimentaire » (ou crise alimentaire) au Niger cette année, point n’est besoin d’être mage pour trouver le grand responsable de cette tragédie : l’ex-président Tanja et son gouvernement qui ont été négligents et laxistes. Ils ont délibérément laissé se propager la crise alimentaire, qui est devenue pour les populations une insécurité existentielle.

Rétrospectivement, et d’un point de vue criminologique, on peut dire qu’il y a longtemps que les populations furent habituées à    ces crises alimentaires, depuis le régime de Seyni Kountché, jusqu’à la star de la suffisance politique : Tanja Mamadou. Historiquement, il est possible de situer des coupables humains dans la récidive des crises alimentaires au Niger. Le Niger depuis des années, et nonobstant les divers gouvernements qui se sont succédé, n’est pas sorti de l’ombre de l’insécurité. Il est donc    loisible de s’interroger honnêtement s’il y a lieu de toujours culpabiliser la nature. Descartes n’a-t-il pas si bien posé notre puissance dominatrice sur la nature, grâce au savoir scientifique et aux techniques (aujourd’hui la technique, la machine) ? Pourquoi alors depuis des lustres, les divers pouvoirs n’ont-ils pas pensé à vaincre par tous les moyens cette « insécurité    alimentaire », qui met continuellement le Niger dans une catégorie de « risée politique » internationale ?

Certains comportements politiques qui frisent le despotisme et l’égocentrisme morbide, ont conduit ce beau pays (Ô pays mon    beau peuple dirait Aimé Césaire), en l’occurrence les pauvres paysans à subir presque chaque année des épisodes de famines, de crises alimentaires. De ce point de vue, nous pouvons en effet accuser à la fois Tanja Mamadou et son gouvernement tels des criminels, dans les deux sens du droit pénal international et humanitaire. Pourquoi ?

 

Le crime politique d’un gouvernement déchu

Le Niger n’est pas une superpuissance, ni une puissance industrielle et agro-alimentaire qui peut s’autosuffire sans l’assistance de la communauté internationale. Interdire que des organisations humanitaires portent secours aux populations victimes de la famine, c’est condamner des populations à la mort, à l’identique d’un génocide Rwandais. L’orgueil, la suffisance et la mégalomanie d’un seul homme, ont occasionné une tragédie évitable. Mais hélas, ces vices ont eu raison de la raison de l’ex-président, et entamé sa sérénité. Ceci pour dire que le pouvoir a des effets destructifs sur la personnalité    de nos dirigeants. La débilité politique a donc son lit, prend racine et forme dans l’exercice répétitif du pouvoir. A l’observation, Tanja a été victime de son égocentrisme, et de sa paranoïa du pouvoir. Sans le pouvoir il ne se sentait plus vivre.

Tout est dépeuplé pour lui, pour parler comme le poète. Ô misère du pouvoir. Et si Epicure avait raison de s’en éloigner, de    fuir le pouvoir et ses richesses ?

Ces considérations étant établies, peut-on asserter aujourd’hui qu’il y a des insécurités alimentaires qui relèvent de l’agir    politique ?

 

2) Des choses qui dépendent de l’action politique

 

D’un point de vue naturel et accidentel, on peut dire que pour certains événements tels que le tsunami, la tempête Katrina, les    inondations, les feux de brousse accidentels, les capacités des hommes sont faibles, car ces événements font obstacles à ses capacités et ses prévisions. Nous sommes in situ dans la rubrique des catastrophes majeurs, et donc des risques. Et par rapport à ces menaces, nous sommes, africains comme occidentaux, dans une situation de veille permanente, car la menace peut être partout. Même si aujourd’hui, les nations occidentales ont des moyens logistiques et humains d’y faire face, humainement, on ne peut jamais déterminer certaines menaces, mais on peut relever à chaque le défi. Le cas plus récent, est l’incendie qui s’est déclenché en Russie, et a ravagé beaucoup de maisons. Le responsable est ici à la fois l’accidentel et l’humain, car la cause a été l’incendie d’un véhicule qui a occasionné cette    catastrophe.

En ce qui concerne le Niger, la tragédie vient de l’homme politique. Et au sens d’Aristote, nous dirons qu’il y a eu    délibération, et criminologiquement, il y a eu intention délibérée d’assassiner des populations. Autrement dit cette insécurité qui a fait la une des médias, relève de la seule responsabilité d’un gouvernement déchu.

Nous voudrions donc profiter de cette défaite du politique pour repenser une pratique politique, qui servira « d’organon » (instrument) pour d’autres gouvernements (sérieux et intelligents, qui appliquerons les idées transformatrices, et non des jouisseurs de palais).Comment se prémunir de la récidive des insécurités alimentaires ?

La tare de nos élections présidentielles, est de toujours ramener au pouvoir des dirigeants « voyou » comme dirait le journal « Mariane » à propos de Sarkozy. Les pays intelligents et « organisés » au sens de John Rawls, disposent en temps de crise comme en temps de paix, de structures logistiques et d’un réseau d’hommes compétents qui réfléchissent et travaillent exclusivement sur l’anticipation et la prévention des risques et des menaces. Une telle structure n’existe pas autant que nous le sachons au Niger, sinon on n’aurait pas connu cette catastrophe. Généralement ce sont des organismes internationaux installés au Niger qui donnent l’alerte à travers leurs différents rapports sur la situation agricole, là où nos propres gouvernements nous cachent la vérité (le PAM, l’ONU, l’Unicef, OMS, médecins sans frontière, la croix rouge, etc.) ; et dès fois à leur risque et péril, des journalistes courageux, ou des ONG (organisations non    gouvernementales).

En politique, il n’est pas bon d’avoir honte de dire son incapacité face à certaines situations qui nécessitent de grands moyens    et surtout l’assistance et l’aide de la communauté internationale. Car de la même manière que pendant certains processus démocratiques, l’assistance étrangère est encouragée, de même en cas de catastrophes majeures, l’aide et l’assistance de la communauté internationale doivent être privilégiées.

De fait si aujourd’hui on parle « d’insécurité alimentaire », le responsable est l’homme politique qui a démissionné vis-à-vis de la réalité. C’est pourquoi eu égard à cet échec de l’homme politique, il est (il serait) temps, que les nouvelles autorités trouvent des remèdes qui perdurent, afin d’éviter la récidive indéfinie de la crise alimentaire. Et comme nous savons que les vertiges du pouvoir l’emportent sur les réalités et les voies élémentaires, nous osons proposer une ébauche de voie ou de solution.

Aujourd’hui, il n’est point besoin d’être mage pour voir que les chinois tels des « criquets » ont partout pignon sur rue en Afrique. Il serait utile de saisir cette chance pour agrandir nos terres, les fructifier, afin que la famine soit définitive rayée de notre pays. « L’insécurité alimentaire »  étant un défi pour nos politiques, et un malheur pour les populations, il urge de la relever. Les chinois sont toujours disponibles si en contrepartie, ils auront des chances d’avoir d’autres avantages économiques. Le jeu en vaut la chandelle. N’est pas Sun Tsu qui disait dans son excellent ouvrage : « l’Art de la Guerre » que : « qui est en retard d’une guerre sera défait à chaque bataille » ? Autrement dit, si depuis des lustres « l’insécurité alimentaire » martyrise les populations, il n’y a plus d’excuse pour les futurs dirigeants, car des solutions scientifiques et humaines existent pour venir about de cette calamité. Il ne faut plus commettre l’erreur politique et « génocidogène » de Sir Tanja Mamadou. Car, un Etat (ou un gouvernement) qui néglige une « insécurité alimentaire », se rend coupable aux yeux de la communauté internationale de crime contre l’humanité.

 

Conclusion Lao-Tseu disait : « le difficile et le facile se produisent    mutuellement »

 

Il ressort de cette réflexion un tant soit pue caustique, que « l’insécurité alimentaire » au Niger ne relève ni de la fatalité (fatum), ni du Destin (Eimarmêné), mais crûment elle est politique, conséquence d’une certaine négligence, voire d’un manque de sens politique. Si aujourd’hui les chinois veulent avoir des terres au Niger, ou travailler en partenariat dans l’exploitation de certaines ressources minières, il importe de leur présenter une table de priorités dont le Niger a urgemment besoin, à commencer par le défi alimentaire. Il n’est pas impossible d’en finir au Niger avec « l’insécurité alimentaire » qui menace selon John Holmes, le secrétaire général adjoint de l'ONU chargé des Affaires humanitaires, 7,8 millions de nigériens. Nous sommes optimistes quant à cette réalisation, si d’aventure nous aurons pour les futures élections des autorités imbues de cette réalité et des priorités.

 

Youssouf Maiga Moussa

Doctorant en philosophie

DESS sécurité publique

Publicité
Publicité
Commentaires
NIGEROPOLIS
Publicité
Archives
Publicité