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NIGEROPOLIS
19 mai 2012

NIGER : PERSPECTIVES ET PERSPECTIBILITE

« On ne corrige pas celui qu’on pend, on corrige les autres par lui ». (Montaigne, livre, III, 8)

En philosophie politique, il existe un art de la dispute (l’éristique, du grec, erizein) ou de la controverse, dont le synonyme est la polémique (du grec, polemos, qui signifie guerre). Dans l’éristique, ou la polémique, les adversaires doués de bon sens apprennent à disputer que pour contredire ; en contredisant, ils parviennent à un point où les thèses s’anéantissent, et à partir de cet instant, la vérité n’appartient ni à l’un ni à l’autre. Les adversaires acceptent en fin de polémique, que la vérité est sur la route. La dispute ici n’est pas de la contestation, mais la recherche de la vérité par l’affrontement des arguments. On dira alors qu’ils ont du sens bon. Qu’en est-il en politique ?

Les politiciens nigériens ont-ils du bon sens ? Savent-ils seulement jouer démocratiquement ? Si en effet la démocratie est un « jeu », où chacun peut être à tour de rôle, gouvernant et gouverné, pourquoi alors ce pathos (passion, ou souffrance) et ce    comportement psychopathologique de toujours incriminer la CENI ?

La contestation dans un processus électoral est un malsain signe avant-coureur d’un danger qui plane sur les futures élections. Il    faut donc anticiper sur l’éventualité de toute menace de contestation. La côte-d’Ivoire est aujourd’hui un mauvais exemple à imiter. Laurent Gbagbo en contestant les résultats de la CENI, a violé la loi, a manqué du respect au peuple ivoirien. Car, les résultats proclamés par la CENI, émanent de la volonté populaire.

Pour parler comme Platon, Gbagbo est un homme politique qui mériterait d’être chassé de la République, tout comme les mauvais poètes de la Cité idéale de Platon. De fait si les mauvais poètes ont une mauvaise influence sur l’éducation politique des jeunes Athéniens, la même condamnation est valable concernant nos hommes politiques, ceux en l’occurrence qui sont foncièrement des brandons de la discorde, devraient être chassés avec des fouets, puis ostracisés comme faisaient les grecs. Mieux, je pense, à toutes fins utiles, qu’il faut instituer une loi pour les priver de compétir pendant une décennie, s’il est avéré que leurs actions, ou leurs comportements constituent des menaces graves à l’ordre public.

Chez les grecs, c’est l’atimie (la privation de droits civiques). Au Niger, il faut les rendre incompétitifs par cette loi. Mais pour cela, il faut comme nous aimons le dire dans tous nos propos sur le Niger, que l’armée et la gendarmerie soient reformatées aux vraies valeurs démocratiques, afin de constituer à l’avenir le meilleur contrefort contre les avatars de la démocratie. En créant un haut conseil de l’observation de la démocratie_ institution pérenne_ il est possible de « surveiller et de punir » les politiciens défaillants.

Les contestations vaines (du latin, contestari) dans un processus démocratique, donnent par avance aux yeux de la communauté internationale, des suspicions de fraudes_ la visite par exemple d’Abdul salami du Nigéria diligenté par la cedeao_, et une inquiétude sur la capacité des autorités nigériennes à bien conduire des élections démocratiques pacifiquement. Or, nous savons bien que le Niger n’est pas sorti de la caverne de Platon. On peut en effet regretter des phases de crises politiques, et des descentes dans l’abîme, mais comme un submersible, le Niger refait toujours surface.

Avec la chute de Tanja Mamadou, les nigériens grâce à l’armée et à l’action de la société civile et des partis politiques, victimes de la tyrannie de Sir Tanja, ont réussi leur première révolution démocratique. Il ne sied donc pas de rater, la seconde et cruciale révolution politique, la mise en place des nouvelles autorités.

La seule crainte, et que partagent tous les nigériens de l’intérieur, comme de la diaspora, c’est qu’il n’y ait pas de débordement, de  troubles, ou de contestations inutiles, pour des vétilles. En Guinée, tout s’est bien déroulé. Le Niger est capable de faire toujours mieux. Alors ne gaspillons pas tous ses efforts, ne gaspillons pas du temps. Du travail attend les nouvelles autorités. Beaucoup de chantiers attendent d’être parachevés. Nous voudrions parler des routes, des quartiers insalubres, des famines    successives, de l’insécurité avec AQMI, de la Nigelec qui se « fout » de la gueule des clients dont certains s’alignent depuis 6h du matin pour régler leurs factures. Tout cela doit cesser au Niger.

 

En définitive, Il faut retravailler plus, pour l’intérêt de tous. Eviter de mépriser le peuple. Créer de meilleures conditions pour    qu’au Niger, le citoyen soit fier de vivre chez lui. La démocratie soutenue par de vrais hommes, soucieux du peuple, peuvent rendre le Niger meilleur, au lieu de toujours sombrer dans la médiocrité et l’affairisme. Il faut que le futur challenge pour les autorités, soit, nous espérons, d’effacer la dénomination mathématique du Niger= Dernier pays du monde. Des voies sont possibles pour sortir le Niger de cette image eschatologique. Mettez simplement les hommes qu’il faut, à la place qu’il faut.

Nous espérons que notre message sera entendu et partagé par tous nos hommes politiques. A leur attention, nous dirons que l’orgueil et l’amour-propre, sont des vices pour un homme politique, qui est appelé à gagner ou à perdre. En guerroyant politiquement pour des choses superfétatoires, vous contribuerez à donner raison à l’armée sur vos incompétences à diriger l’Etat. La politique selon Max Weber est une vocation et un métier. Si vous échouez, l’armée aura alors une double vocation : politique et militaire comme aux heures de gloires de l’ancienne Grèce. D’un mot, il y a perspectives heureuses, et perspectibilté.

 

Youssouf Maiga Moussa

DESS Sécurité Publique

      

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