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NIGEROPOLIS
23 octobre 2012

Qu’est-ce que Gouverner ?

Qu’est-ce que Gouverner ?

Socrate s’adressant à Euthydèmos : « Par Zeus, dit Socrate, c’est la plus belle qualité et le plus important des arts que tu ambitionnes ; car c’est celui des rois et il s’appelle royal »(Les  Mémorables, livre V, chap. II, p. 387, in Xénophon, Œuvres Complètes 3 : Les Helléniques, l’Apologie de Socrate, Pierre Chambry, Paris, Garnier-Flammarion, 1967).

Socrate :« Gouverner fait partie de l’activité la plus importante et la plus haute, et qu’elle ne se
donne pas aux hommes ex nihilo, sans avoir profité comme le souligne Socrate de l’aide de bons maîtres. ». (Xénophon,
Œuvres complète 3 : Les Helléniques, L’Apologie de Socrate, Les Mémorables, trad et notes par Pierre Chambry, éd. Garnier Flammarion,
1967, p. 385).  

Gouverner comme exercice de la vraie politique ?

La vraie politique, est pragmatique et vise toujours et essentiellement ce qui est « bien », « utile » et « juste » pour les populations.

Gouverner, c’est rendre justice et protéger les populations.

Mais on ne peut gouverner les foules, si on ne sait pas aussi se gouverner, d’où chez les Grecs l’art de se gouverner soi-même.

Pour Michel Foucault: « l’art de se gouverner soi-même devient un facteur politique déterminant. On sait l’importance prise par le problème de la vertu des empereurs, de leur vie privée et de la manière dont ils savent maîtriser leurs passions : on y voit la garantie qu’ils sauront mettre d’eux-mêmes une limite à l’exercice de leur pouvoir politique. Mais ce principe vaut pour quiconque doit gouverner : il doit s’occuper de lui-même, guider sa propre âme, établir son propre éthos » (M. Foucault, Histoire de la sexualité, III, le « souci de soi », Paris, Gallimard, 1998 p. 122).

Conclusion : De la brièveté du pouvoir. 

Le Cyrus,  de Xénophon constitue un portrait édifiant du soucie de soi, que nous rapporte Michel Foucault : « Nous ne pouvons reprocher aux dieux de n’avoir pas réalisé tous nos vœux », dit-il en songeant à ses victoires passées ; « mais si, parce qu’on a accompli de grandes choses, on ne peut plus s’occuper de soi-même et se réjouir avec un ami, c’est un bonheur auquel je dis adieu volontiers » (M. Foucault, Histoire de la sexualité, III, le « souci de soi », op.cit., p.60-61).

 Il ne faut pas que le pouvoir aliène les hommes politiques. Or aujourd’hui, ces hommes politiques qui ont séjourné au pouvoir en Afrique ne se soucient pas de leur âme. Ils sont obnubilés par le pouvoir. Sans ce dernier, ils sont à l’image du Céphale de La République de Platon, qui angoissait de quitter cette vie, sans savoir ce qui adviendrait de ses biens, des ses richesses. De fait, n’ayant pas eu le temps de sauver son âme, Céphale craignait de mourir. Cet exemple est la preuve si besoin est, que la richesse ne procure pas la sécurité, ni la tranquillité de l’âme, ni le pouvoir. Il faut mourir en paix, sans penser aux biens superfétatoires. Ce conseil est valable pour l’homme politique au pouvoir.

 Le bon dirigeant doit donc éviter de faire du pouvoir une propriété personnelle. Il doit apprendre à s’éloigner progressivement des biens du pouvoir. D’où la nécessité pour lui de gouverner bien, comme le sage, et quitter le pouvoir en paix, sans angoisse, ni vertigo. Si on sait gouverner avec sagesse, et justice, on saura en effet l’inanité de tout pouvoir, sa brièveté.

Approfondissement.

Texte sur la connaissance de soi, propédeutique à la direction de l’Etat :

Socrate : « Dis-moi, Euthydèmos, demanda-t-il, es-tu jamais allé à Delphes ?_ Oui, par Zeus, répondit Euthydèmos ; j’y suis allé deux fois._ As-tu remarqué alors quelque part sur le temple l’inscription : Connais-toi toi-même ?_ Oui. _ L’as-tu vue d’un œil distrait, ou as-tu fais attention et as-tu essayé d’examiner qui tu es ?_ Non, par Zeus, répondit-il ; car je croyais le savoir parfaitement. J’aurais en effet de la peine à connaître chose, si je ne me connaissais pas moi-même. _ Penses-tu que, pour se connaître soi-même, il suffise de savoir son nom, ou qu’à l’exemple des maquignons, qui ne croient pas connaître le cheval qu’ils veulent connaître, avant d’avoir examiné s’il est docile ou rétif, vigoureux ou faible, vite ou lent, et s’il a les autres qualités et les défauts relatifs à l’usage qu’on en fait, celui-là seul connaît ses forces qui a examiné quel il est relativement à l’usage auquel l’homme est destiné ?_ C’est à mon avis, dit-il ; quand on ne connaît pas ses forces, on ne connaît pas soi-même. N’est-il pas évident, reprit Socrate, que cette connaissance d’eux-mêmes procure aux hommes une foule d’avantages et que la méconnaissance de leur valeur leur attire une foule de maux ? Et en effet ceux qui se connaissent eux-mêmes savent ce qui leur est utile et discernent ce qu’ils peuvent faire et ce qu’ils ne peuvent pas, et, en faisant ce qu’ils savent, ils se procurent ce dont ils ont besoin et mènent une vie prospère et, en s’abstenant de ce qu’ils ne savent pas faire, ils évitent les fautes et échappent à l’adversité. Par le même moyen, ils sont en état de juger des autres hommes et ils se servent d’eux pour se procurer les biens et se garder des maux ». (Les Helléniques, Livre IV, chap. II, p. 390-391, in Xénophon, Œuvres Complètes 3, Pierre Chambry, Paris, Garnier-Flammarion, 1967). Partant du postulat de la méconnaissance des vrais problèmes et aspirations du peuple par l’homme politique africain, posons l’Equation mathématique suivante : soit X= les hommes (Maguignons), et Y= le cheval (le peuple), à quelle condition (probabilité), le populiste ou le tyran au sens grec, renversera-t-il le pouvoir des démocrates ? Autrement dit, est-il possible avec les cycles de remises en questions de la démocratie en Afrique, que ces crises politiques enfantent un jour d’un tyran grec, ou d’un dictateur romain ?

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